SIGING SILENCE - HÔTEL À ROCCAMANDOLFI

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La leçon du chemin : atmosphère / paysage / matière

 

Le château de Roccamandolfi domine l'horizon depuis un promontoire rocheux, comme un berceau isolé.

Sa façade robuste prolonge la verticalité de la montagne dans une topographie artificielle, mêlant l'architecture à la géologie. Aujourd'hui, cette énorme masse, construite en pierre, est dépourvue de ses fonctions techniques d'origine, elle est immobile, comme une accumulation de matière faite par l'homme. La contemplation de ce totem procure un sentiment mystique : celui d'une harmonie retrouvée entre la nature et l'action artificielle de l'homme sur le territoire.

L'objectif du projet sera de préserver cet équilibre nouvellement défini et d'insérer le site avec une présence légère.

Pour qui entreprend le chemin ardu qui mène au sommet de la colline, la froide forteresse se révèle être un Belvédère ouvert, un nid protecteur d'où se dévoile l'horizon de toute la vallée.

La leçon du sentier est riche en stimuli sensibles, permettant une compréhension multi-scalaire du site.

Le sentier révèle un paysage lointain : des vues panoramiques sur les montagnes encadrées par des tremblants, ainsi que des instantanés vertigineux en deux dimensions de la vallée du fonds. Mais le sentier permet aussi de toucher et d'appréhender le caractère du sol : la granulométrie de sa minéralité, ainsi qu'une palette végétale articulée de manière cohérente avec les niveaux topographiques.

L'association alchimique orchestrée par le Temps qui passe mêle la pierre de la ruine romantique à la texture des pierres que l'on piétine en grimpant vers le sommet de la colline.

En venant de la place du village, et en passant sous la dense couverture verte de la zone nord, nous nous isolons progressivement du bourdonnement discret et familier de la communauté de Roccamandolfi.

Nous entrons dans un royaume suspendu, apparemment silencieux...

Peu à peu, le gazouillis des oiseaux, le bourdonnement des insectes et les pas furtifs des animaux sauvages animent ce silence. Le bruit du vent le long des chemins et plus au loin, entre les branches comme parmi les pales des éoliennes, associe les chuchotements de la nature en une subtile symphonie.

Pas à pas, l'explorateur de la ville s'éloigne du monde urbain ; il pénètre et complète la composition harmonique des collines et s'en trouve quelque peu transformé.

 

 

L'hôtel en bois habité

 

L'hôtel habité est composé d'une unité d'accueil et de 13 suites d'habitation disséminées dans le bois. Les suites d'habitation seront constituées de la même structure que l'unité d'accueil. Cette structure présente les invariants matériels de toutes les architectures du site : une structure en ossature bois et une façade verticale en bois pour protéger de la lumière du soleil.

Le bois deviendra gris avec le temps et s'harmonisera facilement avec les couleurs naturelles de la montagne. Les toitures seront partiellement végétalisées pour mieux s'intégrer au site et être moins visibles depuis le château.

L'unité d'accueil est située au bas de la pente, le long d'un chemin existant qui sera intégré pour le nouvel usage. Cette infrastructure douce suivra la ligne des fondations topographiques du site, l'unité construite étant en partie sur pilotis et en partie sur une terrasse existante.

Ce bâtiment représente l'entrée de l'hôtel et présentera une réception, un espace administratif et une cafétéria.

L'emplacement du volume est défini de manière à ne jamais cacher le château de l'espace public.

Depuis l'intérieur, les ouvertures du bâtiment encadreront les montagnes et le château, permettant une relation visuelle directe avec ses intérieurs.

 

 

Les 13 suites de vie

 

Les 13 suites d'habitation sont détachées et isolées du bâtiment de réception de l'hôtel. Il s'agit d'unités privées séparées, offrant intimité et contact direct avec la nature. Le fait qu'elles soient partiellement sur pilotis laisse un vaste espace pour le sol naturel, ce qui permettra leur intégration totale dans l'écosystème forestier. De nouveaux arbres seront plantés pour augmenter la densité végétale et la perception romantique naturelle.

Les unités d'habitation sont placées de part et d'autre d'une promenade, qui est attachée au bâtiment de réception. Cette promenade s'intégrera au mieux à la pente naturelle du terrain permettant de relier les suites à l'unité d'accueil, mais aussi d'offrir à tout piéton la possibilité de se promener facilement à travers le site.

Dans ces suites, certaines fenêtres sont à la hauteur des yeux en position debout, d'autres sont basses et s'adaptent à la vue en position assise ou couchée. Cette variation des fenêtres donnant sur l'extérieur, dans leurs dimensions et leurs positions, permet de choisir les différents cadrages soit sur le château, soit sur la forêt, soit sur le ciel, soit encore sur le paysage lointain et une vue ouverte sur la vallée. Chaque suite a la possibilité de cadrer un ou deux sujets, selon sa position dans le site, ce qui rend chaque suite unique.

 

 

L'agora du château

 

Le choix s'est porté sur l'installation d'unités de service à l'intérieur même du château médiéval. Ces unités sont conçues pour s'intégrer naturellement dans les traces des anciens murs tout en cadrant des vues diverses sur l'horizon. Compte tenu de l'extrême dureté du site, il est intéressant de définir une nouvelle condition d'habitabilité par le biais d'abris légers accueillant des fonctions collectives. 

Dans la zone du château, le projet devient essentiellement et géométriquement rigoureux afin de ne pas ajouter d'adjectifs à la richesse existante des ruines et du paysage naturel. L'horizontalité et le bois gris foncé sont les paradigmes de façade qui permettent un certain degré de neutralité et de distinction par rapport aux matériaux existants. 

Les structures en bois sont choisies pour avoir un impact minimal sur les structures existantes et une grande adaptabilité (et réversibilité) dans le temps. Le bois est chaud au toucher, solide et protecteur, tandis que le verre est limpide, dématérialisé vers le "grand paysage". 

Trois programmes et leurs unités construites viennent animer l'Agora ouverte du Belvédère du Château : un "restaurant-lumière", un espace d'accueil multifonctionnel ouvert et un petit espace d'exposition.

Le restaurant-lumière invite à la rêverie et à la flânerie, en proposant une gastronomie de qualité. Il est ouvert aux visiteurs et aux habitants de la région. L'espace du restaurant est surélevé par rapport à sa base, le château, afin d'avoir une vue panoramique. Il s'agirait d'un café pendant la journée, d'un point de rafraîchissement ou d'une pause dans le cours qui existe déjà. Il s'agirait d'un restaurant pendant la nuit, avec une atmosphère plus privée et moins de visiteurs.

 

 

L'espace d’exposition

 

L'espace d'exposition laisse place à des interventions artistiques éphémères qui peuvent déborder sur l'ensemble du site du château.

Cet espace pourrait également être un lieu où l'on retrace l'histoire du château, en présentant les résultats des fouilles archéologiques.

L'espace d'accueil multifonctionnel

L'espace d'accueil multifonctionnel est très ouvert et permettra aux visiteurs ou à celui qui va faire la fête de se renseigner ou de s'orienter. Le restaurant n'empêchera pas tous les promeneurs qui le souhaitent de parcourir librement l'ensemble de l'espace intérieur du château ou de ses environs.

L'accès au restaurant ainsi qu'à la salle d'exposition se fera par un escalier situé à l'emplacement de la rampe d'accès du château actuel. Le bâtiment d'accueil est légèrement surélevé pour permettre d'entrer dans le château par les côtés droit et gauche de l'entrée existante dans les ruines du château. Cette nouvelle façon d'entrer dans le château permet d'éviter le retour par le poète existant qui est très bas et de séparer l'accès au restaurant de l'accès au château lui-même.

La route existante qui donne accès au château sera viabilisée et goudronnée. Le château ne devrait être accessible qu'à vélo et par les petites voitures de golf de l'hôtel qui monteront et descendront les clients et les promeneurs âgés ou handicapés.